Comment retrouver les archives d'un prisonnier de guerre au stalag VIII C ?
Question d'origine :
Bonjour,
je recherche des informations sur mon grand-père prisonnier de guerre au stalag VIII C pendant la 2eme GM, rapatrié en 1942 chez lui à Dieppe. Je voudrais connaître l'adresse de la ferme dans laquelle il a travaillé en Silésie mais mes recherches sur les archives du stalag sont vaines.
Que me conseilleriez-vous ? Merci d'avance pour votre réponse.
Anne
Réponse du Guichet
Dans ce genre de recherches, les sites amateurs ou les forums de discussion peuvent s'avérer très utiles.
Bonjour,
Le stalag VIII C où a été détenu votre grand-père, est un des camps de prisonniers de guerre le plus connu et documenté. Une page Wikipedia lui est même dédiée. Il nous est dit :
"Pendant la première guerre mondiale, le camp existait déjà. Lors de la Seconde Guerre mondiale le camp est reconstruit sur 48 ha en septembre 1939 pour accueillir plusieurs milliers de prisonniers polonais après l'offensive de septembre 1939. En complète infraction avec la troisième Convention de Genève, la plupart d'entre eux furent en juin 1940 privés de leur statut de prisonniers de guerre et transférés dans des camps de travail1. Des soldats français et belges, faits prisonniers pendant la bataille de France prennent leur place, beaucoup d'entre eux venant d'Algérie, du Maroc et du Sénégal et de Madagascar.
En 1941 arrivent de nouveaux prisonniers après la campagne des Balkans, pour la plupart britanniques, canadiens, grecs et yougoslaves. Ils sont suivis par des prisonniers soviétiques capturés lors de l'opération Barbarossa. En fin 1941, près de 50 000 prisonniers s'entassent dans un espace conçu pour le tiers de ce nombre. Les conditions étaient épouvantables pour les prisonniers russes, la famine, les épidémies et les mauvais traitements prélevèrent un lourd tribut en vies humaines."
Rémi Dalisson dans son ouvrage Les soldats de 1940, traite de cette main d’œuvre à disposition du Reich:
" Le Reich tente de mettre le maximum d’hommes au travail pour compenser les départ de ses citoyens pour le front, surtout après l’invasion de l’URSS. Si un assez grand nombre de captifs travaillent dans des usines, notamment métallurgiques (11% des hommes), des mines et autres secteurs comme l’énergie, le transport ou le commerce, près des deux tiers sont affectés aux travaux des champs. Ils sont alors hébergés dans des villages allemands, vivent dans des logements fournis par les communes et sont envoyés dans des fermes selon les besoins définis par le Bureau u travail, l’Arbeitsamt. Sans les idéaliser, les conditions de travail sont plus clémentes dans ces fermes qui ressemblent à celles de France. "
Comme nous vous le mentionnions plus haut, les forums de discussion et pages internet de particuliers peuvent s’avérer être une aide précieuse pour vos recherches. Voici quelques pistes que vous pourrez explorer:
- Commençons tout d’abord par mentionner le site Prisonniers de guerre et plus spécifiquement sa page concernant les commandos de travail. Vous trouverez à la fin de celle-ci un forum où certaines recherches de particuliers font écho à la vôtre. N’hésitez pas à les consulter et à poster un message à votre tour.
- Cette page est dédiée au stalag VIII C. Elle fait l’histoire du camp, recense des témoignages de prisonniers, s’attarde sur les conditions de vie etc… En outre, l’auteur laisse son adresse mail pour toute question sur le sujet. jbr.bourbon@gmail.com Vous pourriez donc éventuellement entrer en contact avec lui.
- Stalags VIIIA, VIIIC est un site qui peut éventuellement vous être aussi utile. Il regroupe des informations et des photos sur le stalag que vous mentionnez. Un forum est également à votre disposition pour échanger des informations avec les autres utilisateurs.
- Cette page internet regroupe également quelques archives sur la vie du camp.
- Le forum Filae comporte une section dédiée aux prisonniers du stalag VIII C. Il en va de même pour le site Geneanet et plus spécifiquement ici. Là encore, vous pourriez échanger pour avoir quelques informations concernant votre grand-père et les fermes de Silésie où les commandos de travail étaient emmenés.
Enfin, le mémoire de François Blaizot, Les prisonniers de guerre français au Stalag VIII C (1940-1945) est disponible en ligne. Là encore, il fournit de précieux renseignements sur ce stalag:
"Peu après son arrivée au camp, le prisonnier de guerre est, la plupart du temps, mis au travail. Cela se traduit par un versement dans un détachement de travail dépendant du Stalag. Outre cela, le captif est intégré dans un système plus vaste dans lequel le camp passe un contrat avec les entreprises employant des captifs, entreprises qui versent une indemnité au camp. Cette indemnité sert à financer le ravitaillement et les salaires des captifs.
Pour connaître la répartition des hommes du Stalag VIII C dans les détachements de travail de différents types, il faut se référer à la Croix-Rouge internationale. Celle-ci montre qu'en 1942, le camp ici considéré administre 1 406 kommandos dont la composition est la suivante : Industrie 25 % Agriculture 65 % Economie forestière 1 % Travaux d'aménagement 1 % Travaux urbains 3 % Défense nationale 5 % Ainsi donc l'essentiel des captifs de ce camp est affecté aux travaux agricoles et l'industrie occupe la seconde place.
Ce constat ne paraît guère surprenant lorsque l'on s'intéresse à la géographie de la région dans laquelle se trouve ce Stalag. En effet, la Silésie compte d'assez grandes plaines constituant le domaine cultivable de grandes exploitations agricoles, assez gourmandes en main-d’œuvre. D'autre part, la haute Silésie est la région de l'industrie du fer, du charbon et de l'acier, ce qui explique la présence de nombreuses mines et hauts fourneaux, réclamant aussi de la main-d’œuvre."
Pour aller plus loin:
Prisonniers de guerre / E. Gayme
Frontstalag 170 KN 654: l’autre camp / F. Théofilakis
Les soldats de 1940 / R. Dalisson
Les prisonniers de guerre français en 40 / sous la direction de Fabien Théofilakis
Prisonniers de guerre : dans l'industrie de guerre allemande, 1940-1945 / Christophe Woehrle
Bonnes recherches !
Question d'origine :
Merci infiniment pour votre réponse particulièrement documentée. Vous me permettez de gagner un temps précieux.
Bien à vous,
Anne
Reformulation :
Réponse du Guichet
Avec plaisir !
Nous remercions de votre retour et vous souhaitons bonne chance pour la suite de vos recherches.