J'aimerais en savoir plus sur l'histoire de l'église de La Chapelle-en-Vercors
Question d'origine :
Bonjour,
J'aimerai en savoir , un peu plus , sur l'histoire de mon église ( 26420 La Chapelle-en-Vercors ) ...
Qui l'a construite , à quelle époque , ses curés , guerres de religion , culte ... etc,etc .
Personne n'en parlant ... localement .
Dans l'attente ....
Réponse du Guichet
L'église de la Chapelle-en-Vercors fut probablement fondée au XIIè siècle. Elle dut survivre aux guerres de religions, à la Révolution, à l'occupation... et continue pourtant de témoigner d'une tradition unique de roman alpin.
Bonjour,
La notice de l'église de la Chapelle-en-Vercors sur le portail Monumentum nous apprend fort peu de choses sinon que sa construction s'étendit essentiellement sur les XVIe et XVIIe siècle et qu'elle a été classée aux monuments historiques par arrêté du 3 octobre 1983 "à l'exclusion du portail du XIXe siècle". Vous y trouverez toutefois quelques reproductions de la cartes postales anciennes représentant l'église.
La carte patrimoniale de la Drôme offre un tantinet plus d'aliments à notre curiosité :
Au XIIe siècle, une petite chapelle fut érigée dans la plaine alors que le village castral regroupait la population habitant en altitude. On délaissa par commodité le site castral et la chapelle donna son nom au bourg qui s'établit autour d'elle.
L'histoire de cette église est mouvementée. Signalons surtout l'incendie de 1856 et le bombardement allemand de 1944. C'est en 1951 que les travaux de reconstruction sont terminés.
Le plan de cette église est simple : un nef unique et une abside semi-circulaire. Le clocher de type alpin présente des ouvertures géminées aux deuxième et troisième étages.
Vous trouverez également quelques renseignement sur le site de la municipalité de La Chapelle-en-Vercors :
La forteresse de la ” Bâtie de Vercors” avait pour vocation de protéger le centre du ” Pagus Vertacomicorius” et de contrôler le passage entre Rousset et la partie Sud-Ouest du Massif. Elle était aussi la résidence du seigneur, vassal de l’évêque de Die. Ce dernier, seigneur-souverain de Vercors étant lui-même soumis à la suzeraineté du Dauphin. Une administration fort complexe qui se compliquera encore quand le Pape Grégoire X décidera, en 1275, de l’union des évêchés de Die et de Valence. Au début du 14ème siècle, les contraintes du régime féodal se relâchant et la centralisation du pouvoir entre les mains du Roi rendant plus sûre la vie dans les campagnes, les fortifications devinrent moins nécessaires à la sécurité des personnes et des biens. En conséquence, les habitants du vieux et haut village de la ” Belle Bâtie” préférèrent des maisons plus faciles d’accès. Ainsi, progressivement, une agglomération se développa autour d’une chapelle construite à 900 pas au couchant du ” Rocher”. Après quelques décennies, cette chapelle donna finalement son nom à l’agglomération et devint le centre paroissial et l’église paroissiale du bourg transplanté.
Un acte de 1399 mentionne, pour la première fois, l’église de La Chapelle-en-Vercors.
La forteresse de la ” Bâtie de Vercors” sera détruite au 16ème siècle pendant les “Guerres de Religion”, guerres particulièrement cruelles qui mirent à feu et à sang le royaume de France pendant près de quarante années. C’est de Gordes, lieutenant du Roi en Dauphiné, chef des catholiques qui ordonna la destruction du château afin d’ôter à ses adversaires, les protestants, Lesdiguières et Montbrun, l’envie de reprendre le Vercors avec leurs troupes “d’hérétiques”.
Si nous voulons approcher de plus près l'histoire de l'édifice, il faut nous plonger dans l'ouvrage Histoire religieuse du canton de La Chapelle-en-Vercors [Livre] par l'abbé L. Fillet, initialement publié vers 1890, et dont un résumé du site histoire-locale.fr donne un aperçu. Il y est rappel que la vie paroissiale du Vercors y fut prépondérante dans l'ancien régime, allant jusqu'à donner au village son nom actuel :
Aussi, dans cette région organisée en paroisses au XIe siècle (les documents officiels l'attestent), et plus particulièrement dans les communes étudiées, l'histoire religieuse, des origines jusqu'à la fin du XIXe siècle, apparaît prépondérante.
C'est ce qui explique l'adoption de l'appellation la Chapelle se substituant à celle de la Bâtie (la forteresse), après que les deux noms aient été employés indifféremment (jusqu'au XVe siècle), les violences inhérentes aux querelles religieuses (Vaudois aux XIVe et XVe siècles) et les véritables conflits armés qui opposèrent protestants et catholiques : destruction du château de la Bâtie en 1573, pillage de l'église de Saint-Agnan à la même époque, dévastation de celle de Saint-Martin-en-Vercors pendant la Révolution, persécutions à Saint-Julien à partir de 1792, Vassieux livrée aux bandes guerrières de 1572 à 1574... Toutefois, cette importance des pratiques religieuses n'eut pas toujours, loin s'en faut, ces conséquences dramatiques : elle fut souvent génitrice d'activités économiques (agricoles entre autres), de paix et de justice sociales, de prise en charge des pauvres et des malades et d'établissements scolaires (en 1599 à la Chapelle, en 1644 à Saint-Julien et à Vassieux, en 1645 à Saint-Agnan et en 1682 à Saint-Martin).
Selon l'ouvrage, aucune indication précise sur la fondation et les deux premiers siècles d'existence de l'église ne nous son parvenus, mais on n'y trouve au XIV siècle "ni prieur proprement dit, ni communauté religieuse, mais seulement un curé ou chapelain (capellanus)" en 1375. On sait également que l'évêque de Die "percevait sur elle une pension annuelle et perpétuelle de 6 livres" durant tout l'ancien régime, ainsi que la moitié de la dîme - le curé touchant l'autre moitié. L'auteur précise que les revenus de la cure étaient "considérables", mais "fort réduits par les charges", notamment la "contribution aux édifices religieux et au mobilier de l'église."
Au Moyen Âge et à la Renaissance, le village se développe autour des deux pôles que sont la forteresse (la Bâtie) et l'église (la Chapelle). Les sources de cette époque se servent de l'un ou de l'autre terme pour désigner le hameau, d'autant plus facilement que la forteresse appartient également aux évêques de Die à partir de 1253 suite à un arbitrage contre le Dauphin.
Les XVè et XVIè siècles seront marqués par la diffusion dans la région de l'"hérésie" vaudoise - qui ne paraît pas être arrivée jusqu'à la Chapelle - puis du protestantisme, que l'auteur, prêtre, évoque bien sûr avec horreur. A partir de 1560, le Dauphiné est déchiré par les guerres de religion. Le Vercors reste relativement calme jusqu'à la décennie suivante. Après la Saint-Barthélémy (1572), le pays devient le théâtre d'affrontements entre catholiques et protestants, qui donnent lieu à la destruction de la Bâtie par les troupes du roi, pour éviter que la forteresse ne devienne un refuge pour les réformés. Vers 1577, le Vercors est pourtant aux mains de ceux-ci.
A l'arrêt des combats, vers 1590, le patrimoine religieux local semble en ruine. Et bien qu'il n'y ait pas de source directe faisant état d'une attaque de l'église de la Chapelle-en-Vercors, il est constaté que "le 10 juin 1604, quand Mgr. de Léberon vient faire sa visite pastorale, il n'y a pas de tabernacle ni de ciboire pour les malades" et par ailleurs, selon un document, "la chapelle de Saint-Claude, bâtie hors de l'église, était "entièrement ruynée et desmolye par l'injure et malheur des troubles passés"".
Le XVIIè siècle est marqué par une fluctuation de l'influence des réformés dans la commune. Les curés successifs auront ensuite à souffrir de la Révolution. Nous ne pouvons toutefois pas vous donner le luxe de détails donnés par l'abbé Fillet - disons toutefois que si vous vous procurez l'ouvrage, vous découvrirez de nombreux détails sur la vie économique de la paroisse, et verrez passer la silhouette de nombreux curés du lieu, tels que Jean Arier, Etienne Masse (XVè siècle), Pierre de Primeley (XVIè), qui fut au centre d'une amusante controverse avec un autre religieux, Jean Reynard, pour la possession de la cure, laquelle faillit tourner au conflit armé...
Bien que dénué de tout souci de neutralité scientifique, l'abbé Fillet semble avoir réuni l'ensemble de la documentation disponible pour la période. Le Dictionnaire topographique (toponymique et historique) du département de la Drôme comprenant tous les noms de lieux; lieux-dits, etc. / [Livre] / par J. Brun-Durand, également consultable sur Gallica, le confirme dans les grandes lignes :
Avant 1790, la Chapelle-en-Vercors était une communauté d'élection de Montélimar, de la subdélégation de Crest et du bailliage de Die, formant une paroisse du diocèse de Die - Cura Capelle Vercorcii, 1521 (Pouillé de DIe) - dont l'église était sous le vocable de Notre-Dame - Ecclesia Beate Capelle Vercorcii, 1509 (vis. épisc.). Les dîmes appartenaient au curé, et la cure était de la collation de l'évêque diocésain.
Au point de vue féodal, la Chapelle-en-Vercors était le chef-lieu d'un mandement qui, premièrement appelé mandement de Rousset et de Ravel [...] 138 (Livre blanc de l'év. de Valence) - et ensuite mandement de la Bâtie en Vercors, appartint vraisemblablement d'abord aux comtes de Diois, puis aux Dauphins, et fut acquis en 1253 de ces derniers par les évêques de Die, qui en ont été seigneurs jusqu'à la Révolution. [...]
En 1790, la Chapelle-en-Vercors devint le chef-lieu d'un canton du district de Die [...]
Nous n'avons pas trouvé de fait particulièrement saillant pour les siècles suivants... jusqu'à ce que l'armée allemande bombarde le village en rétorsion aux actions du maquis du Vercors. Si l'église ne fut pas particulièrement endommagée, les énormes destructions au sein de la commune entraînèrent une importante modification de son entourage urbanistique.
Patrimoines du Royans-Vercors [Livre] : paysage, architecture et histoire / nous apprend ainsi que le village, bombardé en 1944, a été reconstruit en 1947 selon un plan reprenant l'ancien, en l'élargissant et en le rationalisant - afin de donner aux axes du village une allure plus rectiligne, dégagée, "hygiéniste". L'église n'eut pas à être reconstruite mais se laisse à voir dans un environnement neuf puisque "la place du village est un espace monumental au centre duquel s'élève l'église, autrefois enserrée par du bâti."
Cet ouvrage, de même que Guide des patrimoines drômois [Livre] / Conservation du patrimoine de la Drôme ; [sous la direction de Chrystèle Burgard], expliquent par ailleurs que l'église de la Chapelle, malgré des "reprises fréquentes du XVI è et XVIIè siècles" est caractéristique, au même titre que d'autres édifices du Vercors, de la "longue tradition du roman alpin" :
Souvent modestes, les les églises disposent de peu d'éléments de décor. Les nefs sont uniques et les absides semi-circulaires. Les clochers, placés sur le choeur ou bien véritables tours, contrastent avec l'église massive [en tant qu'E]léments verticaux marquant le paysage [...].
Voici tout ce que nous avons trouvé. Vous pouvez toutefois continuer vos recherches, et pourquoi pas contacter la La Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme :
contact@sauvegarde-patrimoine-drome.com
04 75 53 80 27
Bonne journée.
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