Question d'origine :
Bonjour,
De quoi Hermes est-il le saint patron et pourquoi ?
Merci.
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 28/01/2020 à 15h03
Bonjour,
Le site Nominis répertorie quatre Hermès martyrisés et sanctifiés au cours des premiers siècles du christianisme :
- Saint Hermès, associé à Saint Adrien, « Martyrs à Marseille (✝ v. 290), selon un martyrologe gallican. Leurs reliques étaient vénérées dans l'église Saint Victor. »
- Saint Hermès, associé à Saint Taxe, « Martyrs en Moldavie à Galatz (VIe siècle) – Sur les bords du Danube. »
- Saint Hermès, « exorciste et martyr (✝ v. 270) », mort « À Bononia (actuellement Vidin) en Mésie (Bulgarie), probablement sous Aurélien. Il est représenté à cheval délivrant du démon une femme tenue par une corde (ou un enfant). »
- Et enfin, le (relativement) moins obscur Saint Hermès, « Martyr à Rome (IIe siècle) – Un des plus anciens et des plus célèbres martyrs romains. Dès le début du IVe siècle, la ville d'Antium dans le Latium italien possédait une basilique construite en son honneur. Ce qui était fort rare dans les années qui suivaient immédiatement les persécutions. On sait de lui qu'il était un esclave romain, affranchi, et qu'il mourut martyr. »
C’est sans doute de lui que vous voulez parler. Il est fêté le 28 août selon le Martyrologe Les informations sur sa vie sont des plus lacunaires :
« À Rome, au cimetière de Basilla, sur l'ancienne voie Salarienne , saint Hermès, martyr. Selon ce que rapporte le pape saint Damase, la Grèce l'envoya à la ville de Rome et Rome tient pour un citoyen celui qui a souffert en ses murs pour le saint nom du Christ. »
La notice biographique de Vatican News est tout aussi lapidaire :
« D’origine grecque, Ermete arrive à Rome au III siècle et devient citoyen romain. Nommé préfet, il se convertit au christianisme avec sa femme, ses enfants, sa sœur et un millier d’esclaves; il est arrêté sur ordre de Trajan qui envoie à Rome Aurélien et le fait martyriser par le Tribun Quirino. »
L’obscurité de sa biographie n’a pas empêché Hermès de Rome de tôt jouir d’une importante dévotion, aujourd’hui particulièrement vive en Belgique :
“Mort en martyr un 28 août entre le IIe et le IIIe siècle, saint Hermès fut enterré dans une catacombe qui porte aujourd’hui son nom, dans le quartier de Pinciano, au nord de Rome. Cet ancien esclave devenu saint est depuis célébré à cette même date dans l’Eglise catholique, etest invoqué pour guérir la folie, les maladies nerveuses et éloigner le mal . Il est généralement représenté à cheval, tirant le diable enchaîné. Au IXe siècle, ses reliques furent transférées vers l’église Saint-Nicolas à Renaix, en passant par Aix-la-Chapelle. La dévotion populaire à son égard fut si forte que la ville belge s’est rapidement transformée en lieu de pèlerinage, d’abord régional puis national, ce qui fut vecteur de prospérité économique pour la ville. Depuis le Moyen-Age a lieu, chaque dimanche de la Sainte Trinité, le Grand Tour de saint Hermès (ou Fiertelommegang), une vaste procession de 32 kilomètres avec les reliques du saint autour de la ville. »
(Source : cathobel.be)
La ville belge de Renaix (Ronse en Néerlandais) est sous le patronage du saint , de même que les localités italiennes d’Acquapendente, Blera, Brufa, Forte dei Marmi, Gabicce Mare, Ischia di Castro, Sant'Ermo, Sciarborasca (Source : Wikipédia) ; toujours est-il que c’est bien à Renaix que la procession dédiée à Hermès, le Fiertel, est un grand événement populaire annuel, au cours duquel un Hermès parade dans la ville à cheval, tenant un démon en laisse.
Cette représentation classique du saint traînant son démon explique sans doute le fait qu’il soit devenu unpatron des fous et des aliénés – de tradition plus populaire qu’institutionnelle : l’ouvrage Pieter Bruegel l'Ancien: Sa vie, son œuvre et son temps de René van Bastelaer, consultable sur Google livres, parle du « culte de Saint Hermès, invoqué contre la folie », et Le Petit futé Belgique 2019, à l’entrée de la ville de Renaix l’appelle « patron des névrosés et des malades mentaux » - car l’aliénation mentale a été vue, pendant une grande partie du moyen-âge, comme un signe de possession démoniaque :
« La conception surnaturelle de la folie, traduisant une sensibilité à l'irrationnel propre à la mentalité religieuse de l'époque, fait du malade mental une victime du démon. La possession démoniaque est donc analysée par les théologiens : "Le diable peut arrêter complètement l'usage de la raison en troublant l'imagination et l'appétit sensible, comme cela se voit chez les possédés" explique saint Thomas d'Aquin (3) qui les qualifie aussi de "démoniaques" ou d"'énergumènes" (du grec energoumenos : sous l'emprise de). Pour saint Albert le Grand, le possédé est "assiégé" (obsessus) c'est-à-dire envahi par l'esprit malin qui se meut en lui, y agit et y parle à son gré et transforme complètement sa personnalité (4). En proie à une très grande souffrance, à la fois physiologique et spirituelle, les démoniaques présentent, en effet, un état d'extrême agitation : tremblements, acrobaties et contorsions diverses ; cheveux ébouriffés ou en flammes ; cris, blasphèmes ou propos incohérents. »
(Muriel LAHARIE, « Comprendre et soigner la maladie mentale au Moyen Age (Xle - Xllle siècles)sur parisdescartes.fr)
« Pendant tout le Moyen-Âge chrétien et même depuis, une perception religieuse des maladies mentales, en rapport avec les mentalités populaires, va coexister avec une conception proprement médicale.
La première explique les troubles mentaux par une possession démoniaque, une manifestation du péché, de l'hérésie et envoie au bûcher, la seconde s'inscrit en opposition.
C'est l'opinion commune de la foule et de certains théologiens que de dire des mélancoliques et des maniaques qu'ils ont le diable dans le corps, ce que souvent les malades croient eux-mêmes et proclament. Ceux qui se fient à ces idées vulgaires ne recherchent pas, pour le soin de leur maladie, l'aide des médecins, mais celle des saints réputés avoir reçu de Dieu le pouvoir de chasser les démons" (Jacques DESPARS - 1380- 1458). »
(Institut Charcot)
Bonne journée.
Le site Nominis répertorie quatre Hermès martyrisés et sanctifiés au cours des premiers siècles du christianisme :
- Saint Hermès, associé à Saint Adrien, « Martyrs à Marseille (✝ v. 290), selon un martyrologe gallican. Leurs reliques étaient vénérées dans l'église Saint Victor. »
- Saint Hermès, associé à Saint Taxe, « Martyrs en Moldavie à Galatz (VIe siècle) – Sur les bords du Danube. »
- Saint Hermès, « exorciste et martyr (✝ v. 270) », mort « À Bononia (actuellement Vidin) en Mésie (Bulgarie), probablement sous Aurélien. Il est représenté à cheval délivrant du démon une femme tenue par une corde (ou un enfant). »
- Et enfin, le (relativement) moins obscur Saint Hermès, « Martyr à Rome (IIe siècle) – Un des plus anciens et des plus célèbres martyrs romains. Dès le début du IVe siècle, la ville d'Antium dans le Latium italien possédait une basilique construite en son honneur. Ce qui était fort rare dans les années qui suivaient immédiatement les persécutions. On sait de lui qu'il était un esclave romain, affranchi, et qu'il mourut martyr. »
C’est sans doute de lui que vous voulez parler. Il est fêté le 28 août selon le Martyrologe Les informations sur sa vie sont des plus lacunaires :
« À Rome, au cimetière de Basilla, sur l'ancienne voie Salarienne , saint Hermès, martyr. Selon ce que rapporte le pape saint Damase, la Grèce l'envoya à la ville de Rome et Rome tient pour un citoyen celui qui a souffert en ses murs pour le saint nom du Christ. »
La notice biographique de Vatican News est tout aussi lapidaire :
« D’origine grecque, Ermete arrive à Rome au III siècle et devient citoyen romain. Nommé préfet, il se convertit au christianisme avec sa femme, ses enfants, sa sœur et un millier d’esclaves; il est arrêté sur ordre de Trajan qui envoie à Rome Aurélien et le fait martyriser par le Tribun Quirino. »
L’obscurité de sa biographie n’a pas empêché Hermès de Rome de tôt jouir d’une importante dévotion, aujourd’hui particulièrement vive en Belgique :
“Mort en martyr un 28 août entre le IIe et le IIIe siècle, saint Hermès fut enterré dans une catacombe qui porte aujourd’hui son nom, dans le quartier de Pinciano, au nord de Rome. Cet ancien esclave devenu saint est depuis célébré à cette même date dans l’Eglise catholique, et
(Source : cathobel.be)
Cette représentation classique du saint traînant son démon explique sans doute le fait qu’il soit devenu un
« La conception surnaturelle de la folie, traduisant une sensibilité à l'irrationnel propre à la mentalité religieuse de l'époque, fait du malade mental une victime du démon. La possession démoniaque est donc analysée par les théologiens : "Le diable peut arrêter complètement l'usage de la raison en troublant l'imagination et l'appétit sensible, comme cela se voit chez les possédés" explique saint Thomas d'Aquin (3) qui les qualifie aussi de "démoniaques" ou d"'énergumènes" (du grec energoumenos : sous l'emprise de). Pour saint Albert le Grand, le possédé est "assiégé" (obsessus) c'est-à-dire envahi par l'esprit malin qui se meut en lui, y agit et y parle à son gré et transforme complètement sa personnalité (4). En proie à une très grande souffrance, à la fois physiologique et spirituelle, les démoniaques présentent, en effet, un état d'extrême agitation : tremblements, acrobaties et contorsions diverses ; cheveux ébouriffés ou en flammes ; cris, blasphèmes ou propos incohérents. »
(Muriel LAHARIE, « Comprendre et soigner la maladie mentale au Moyen Age (Xle - Xllle siècles)sur parisdescartes.fr)
« Pendant tout le Moyen-Âge chrétien et même depuis, une perception religieuse des maladies mentales, en rapport avec les mentalités populaires, va coexister avec une conception proprement médicale.
La première explique les troubles mentaux par une possession démoniaque, une manifestation du péché, de l'hérésie et envoie au bûcher, la seconde s'inscrit en opposition.
C'est l'opinion commune de la foule et de certains théologiens que de dire des mélancoliques et des maniaques qu'ils ont le diable dans le corps, ce que souvent les malades croient eux-mêmes et proclament. Ceux qui se fient à ces idées vulgaires ne recherchent pas, pour le soin de leur maladie, l'aide des médecins, mais celle des saints réputés avoir reçu de Dieu le pouvoir de chasser les démons" (Jacques DESPARS - 1380- 1458). »
(Institut Charcot)
Bonne journée.
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