Brassard de communiant*

Réponse du service Guichet du Savoir


L'Abbaye-aux-Bois, un monastère parisien très réputé au XVIIIe siècle dans les milieux aisés, la classe regroupant les pensionnaires qui s'apprêtaient à communier s'appelait "la classe blanche". On sait par ailleurs que les fillettes, à partir du XIXe siècle, sont habillées de blanc pour faire leur première Communion, les garçons portant un costume de drap sombre - leur premier costume d'homme - sur lequel on accroche un brassard blanc. Ce que le rituel entend ainsi marquer, c'est manifestement l'état de pureté exigé des communiants et surtout des communiantes : ce sont elles que l'on habille tout en blanc. Si l'on impose uniquement aux filles d'être entièrement vêtues de blanc, c'est peut-être parce que la première Communion se situe au moment de la puberté.
source : La femme dans le christianisme

Si l'on trouve de nombreuses indications, dans divers documents, sur le costume des communiantes, nous n'avons pas trouvé d'explication quant au port du brassard chez les garçons. Nous ne pouvons faire que des hypothèses.

La communion solennelle marque la fin de la période dite d'initiation chrétienne, qui coincide en général avec la fin du catéchisme. Mais c'est également comme indiqué ci-dessus, un rite de passage, de l'enfance à l'adolescence, coincidant avec la puberté. Si le rapprochement peut être fait entre le vêtement de communiante et la robe de mariée, allusion à la future situation d'épouse et de mère de la fillette, peut-être pouvons nous voir dans le port du brassard la référence à l'armée, qui attend quelques années plus tard le communiant. Dans l'armée, nous informe La grande encyclopédie des sciences, des lettres et des arts, le brassard est un signe ou un insigne conventionnel de reconnaissance que portent au bras gauche, par-dessus les vêtements, les officiers, militaires ou fonctionnaires de quelques services spéciaux.

Il est à noter que l'usage d'habiller ainsi les communiants et communiantes n'a pris son plein essor que depuis le second empire et sera abandonné cent ans plus tard, avec le concile de 1963-1965.

Réponse du Département Fonds ancien

La question du costume de première communion a été posée dans l’Intermédiaire des chercheurs et des curieux de 1956. Une réponse a été donnée dans le n°70 de janvier 1957 de cette même revue, puis d’autres dans les numéros suivants(1957), mais elle ne sont pas très précises.
En résumé, la cérémonie de première communion n’apparaît que vers 1600 dans les villes et au XVIIIe siècle dans les campagnes, mais elle n’avait pas l’importance actuelle et ne faisait pas l’objet de cérémonie particulière, contrairement à la confirmation. Les représentations de première communion même pour la période de la fin de l’Ancien Régime sont très rares.
C’est seulement sous la Restauration que l’on reparle de la première communion et que le costume se fixe. Pour les garçons le costume d’Eton, pantalon long, jaquette spencer apparaît sous la monarchie de juillet. A la BNF (fonds A02), les premiers costumes de première communion apparaissent vers 1842 avec la réclame d’un confectionneur : pantalon long noir, spencer noir, brassard blanc. Cela prouve que la fabrication était suivie.
Le costume des filles se fixe aussi vers 1830. C’était une copie de la robe de mariage pour rappeler à l’enfant l’union avec le Christ.
Le brassard (qui a aussi été porté parfois par les filles sous le Second Empire) est effectivement un signe d’appartenance ou une marque symbolique. En noir, Il a longtemps été utilisé pour les deuils jusque dans la première moitié du XXe siècle. En blanc, il était sans doute la marque de l’innocence et de la pureté rappelait la « stola candida » des communiants des premiers temps du Christianisme.