Question d'origine :
Au Moyen-âge, Grasse se spécialise dans le tannage du cuir. Comme le cuir sent mauvais, les gants en cuir sont parfumés pour cacher cette mauvaise odeur.
Question 1 : y a-t-il une autre raison de parfumer les gants en cuir (que pour camoufler la mauvaise odeur du cuir) ?
Question 2 : Qui a eu l'idée de parfumer les gants en cuir ? Molinard (source : http://www.net-provence.com/grasse.htm) OU Galimard (http://fr.wikipedia.org/wiki/Parfumerie) OU quelqu'une d'autre ?
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 29/12/2011 à 09h34
Bonjour,
Vous trouverez sur internet tout et son contraire et l’origine du gant parfumé (à base de camphre, céruse, grains de musc …) demeure incertaine. Par exemple, la date de la création de la corporation des gantiers-parfumeurs n’est pas bien définie. Dans le livre (..) il est dit que cette corporation avait informé le roi Henri III que « les jurez et maistre du mestier de gantiers-parfumeurs, dès l’an 1190 au mois d’octobre, obtinrent certaines ordonnances et règlements de leur mestier selon lesquelles ils se sont gouvernez jusque en l’an 1357 ». Or rien ne prouve que cette date de 1190 soit exacte (…) en effet de nombreux artisans à l’époque étaient fiers de faire remonter l’origine de leur corporation à la date plus lointaine.
Source : Histoire du parfum : de l'Égypte au XIXe siècle : collection de la parfumerie Fragonard, p. 105.
Néanmoins, les auteurs du catalogue d’exposition Le gant reprennent l’idée première que la mode de parfumer le gant date du XIIe siècle et révolutionne la profession de gantier. Cette tendance se généralise au point que, dès 1190, à Paris, parfumeurs et gantiers s’unissent souvent en un seul et même métier. Ce n’est pourtant qu’au XVe siècle que les statuts de la corporation des gantiers-parfumeurs qualifient les maîtres-gantiers de gantiers-parfumeurs. Des armoiries datant de 1426 témoignent d’ailleurs de cette fusion …
Si d’après les ouvrages que nous avons consultés, cette pratique remonterait au XIIe siècle, il n’est pas possible de vous indiquer qui en serait le « créateur ».
Quoiqu’il en soit, toutes les études s’accordent pour dire que lorsqu’en 1533 Catherine de Médicis arrive en France pour épouser Henri II, fils de François Ier, elle introduit à la cour la mode et les coutumes italiennes, en particulier celle des gants parfumés. Elle est accompagnée de René le florentin [Renato Bianco], son parfumeur attitré ; Celui-ci, installé sur l’actuel Pont-au-Change, est très vite renommé pour ses créations parfumées et ses poisons redoutables d’efficacité (…) la nouvelle mode des gants, ceintures et pourpoints parfumés est bénéfique pour les tanneurs de Grasse qui étendent leur activité à la tannerie fine.
Source : L’odyssée des parfums: de la thérapeutique à l'esthétique, p. 54-55.
Par ailleurs, l’auteur de l'étude mentionnée ci-dessus explique qu’au XVIe siècle, les parfums et les remèdes sont encore étroitement liés. De nombreux médecins considèrent les matières aromatiques, végétales et animales comme d’excellents remèdes pour la santé.
C’est peut-être là une des explications de l’usage du gant parfumé. Si ce dernier devient l’attribut de l’élégance, du raffinement et permet de « camoufler » mais aussi de se protéger des mauvaises odeurs, il a pu aussi être envisagé comme une médecine.
En effet, dans Le gant, Fanche Le Reste mentionne que le port des gants servira bien davantage aux soins des mains qu’à une quelconque jouissance de l’odorat (…) le gant servira donc à enrober chaque doigt d’onguents, à dérober à la vue certaines failles de la main, et l’entravant dans sa largeur, l’amplifiant dans sa longueur, il en remodèlera le volume suivant les modes en cours, ainsi « davantage pour plus grande mollesse, elle aura le gant lavé, en mains, parfumé … »
Autres ouvrages consultés qui traitent également des gants parfumés :
* Une histoire mondiale du parfum : des origines à nos jours/ sous la direction de Marie-Christine Grasse, 2007.
* Mémoires du parfum / Josette Gontier, Jean-Claude Ellena, 2003.
En effectuant des recherches à partir de notre catalogue, vous trouverez bien d’autres ouvrages que nous n’avons pu consulter pour cause de prêt.
Vous trouverez sur internet tout et son contraire et l’origine du gant parfumé (à base de camphre, céruse, grains de musc …) demeure incertaine. Par exemple, la date de la création de la corporation des gantiers-parfumeurs n’est pas bien définie. Dans le livre (..) il est dit que cette corporation avait informé le roi Henri III que « les jurez et maistre du mestier de gantiers-parfumeurs, dès l’an 1190 au mois d’octobre, obtinrent certaines ordonnances et règlements de leur mestier selon lesquelles ils se sont gouvernez jusque en l’an 1357 ». Or rien ne prouve que cette date de 1190 soit exacte (…) en effet de nombreux artisans à l’époque étaient fiers de faire remonter l’origine de leur corporation à la date plus lointaine.
Source : Histoire du parfum : de l'Égypte au XIXe siècle : collection de la parfumerie Fragonard, p. 105.
Néanmoins, les auteurs du catalogue d’exposition Le gant reprennent l’idée première que la mode de parfumer le gant date du XIIe siècle et révolutionne la profession de gantier. Cette tendance se généralise au point que, dès 1190, à Paris, parfumeurs et gantiers s’unissent souvent en un seul et même métier. Ce n’est pourtant qu’au XVe siècle que les statuts de la corporation des gantiers-parfumeurs qualifient les maîtres-gantiers de gantiers-parfumeurs. Des armoiries datant de 1426 témoignent d’ailleurs de cette fusion …
Si d’après les ouvrages que nous avons consultés, cette pratique remonterait au XIIe siècle, il n’est pas possible de vous indiquer qui en serait le « créateur ».
Quoiqu’il en soit, toutes les études s’accordent pour dire que lorsqu’en 1533 Catherine de Médicis arrive en France pour épouser Henri II, fils de François Ier, elle introduit à la cour la mode et les coutumes italiennes, en particulier celle des gants parfumés. Elle est accompagnée de René le florentin [Renato Bianco], son parfumeur attitré ; Celui-ci, installé sur l’actuel Pont-au-Change, est très vite renommé pour ses créations parfumées et ses poisons redoutables d’efficacité (…) la nouvelle mode des gants, ceintures et pourpoints parfumés est bénéfique pour les tanneurs de Grasse qui étendent leur activité à la tannerie fine.
Source : L’odyssée des parfums: de la thérapeutique à l'esthétique, p. 54-55.
Par ailleurs, l’auteur de l'étude mentionnée ci-dessus explique qu’au XVIe siècle, les parfums et les remèdes sont encore étroitement liés. De nombreux médecins considèrent les matières aromatiques, végétales et animales comme d’excellents remèdes pour la santé.
C’est peut-être là une des explications de l’usage du gant parfumé. Si ce dernier devient l’attribut de l’élégance, du raffinement et permet de « camoufler » mais aussi de se protéger des mauvaises odeurs, il a pu aussi être envisagé comme une médecine.
En effet, dans Le gant, Fanche Le Reste mentionne que le port des gants servira bien davantage aux soins des mains qu’à une quelconque jouissance de l’odorat (…) le gant servira donc à enrober chaque doigt d’onguents, à dérober à la vue certaines failles de la main, et l’entravant dans sa largeur, l’amplifiant dans sa longueur, il en remodèlera le volume suivant les modes en cours, ainsi « davantage pour plus grande mollesse, elle aura le gant lavé, en mains, parfumé … »
Autres ouvrages consultés qui traitent également des gants parfumés :
* Une histoire mondiale du parfum : des origines à nos jours/ sous la direction de Marie-Christine Grasse, 2007.
* Mémoires du parfum / Josette Gontier, Jean-Claude Ellena, 2003.
En effectuant des recherches à partir de notre catalogue, vous trouverez bien d’autres ouvrages que nous n’avons pu consulter pour cause de prêt.
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