Nano médicaments, médicaments intelligents quelle différence
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 20/07/2019 à 15h00
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Question d'origine :
Bonjour,
Y-a-t-il différence entre ces deux appellations que traite la presse médicale ?
Merci beaucoup.
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 22/07/2019 à 10h42
Bonjour,
D’après les informations que nous trouvons, un « médicament intelligent » est un médicament conçu pour cibler de manière précise un objectif, par exemple une cellule cancéreuse, sans endommager les cellules saines :
« Quand dit-on d’un médicament qu’il est "intelligent" ? C’est lorsque, très spécifiquement, ils’attaque à un dysfonctionnement cellulaire sans en entraîner d’autres, ou presque . »
Source : Fnrs
« La fin du XXe siècle est marquée par l’échec de « la guerre contre le cancer » déclarée par le président Nixon aux États-Unis en décembre 1971. Cette période fait face à une crise durant laquelle le fondement des stratégies de thérapies contre le cancer furent sévèrement critiquées. Alors que Darmon parle de la recherche « d’un médicament miracle », Jean-Paul Escande , reprend l’expression sarcastique, alors répandue, de « boulet magique ». La stratégie de recherche, explique Thomas Tursz, directeur de l’Institut Gustave Roussy, consistait à tester des millions de molécules produites par des chimistes dans l’espoir que l’une d’entre elles soit miraculeuse. Aujourd’hui, soutient-il, ce processus est inversé : ce ne sont plus les chimistes qui produisent des molécules que les biologistes testent par la suite, maisles biologistes spécialistes du cancer qui cherchent des anomalies dans les cellules cancéreuses et demandent aux chimistes de produire des molécules dont les structures et/ou fonctions coïncident avec les anomalies étudiées. Il parle alors de « médicament intelligent » . »
« Cellule souche cancéreuse : réflexions épistémologiques », Lucie Laplane, Sociétés, vol. 105, no. 3, 2009, pp. 45-55.
Cela correspond exactement à l’objectif poursuivi par la recherche sur les nanomédicaments :
« Ces médicaments du futur fonctionnent comme des missiles à tête chercheuse. Le véhicule du nanomédicament est capable de transporter la molécule jusqu'à la zone infectée : un gène, une protéine, une cellule, un organe... Plus précis, plus habiles, ils permettent de traiter directement les cellules infectées sans irradier et endommager les cellules saines autour. Une véritable révolution par rapport aux médicaments actuels. En effet, aujourd'hui seule une petite partie des médicaments atteint la zone malade, le reste se perd dans l'organisme. Ils permettent ainsi d'augmenter l'activité thérapeutique et de réduire la toxicité de nombreux médicaments, annulant certains effets secondaires désagréables. Trois générations de nanovecteurs ont déjà été élaborées. »
Source : Savez-vous ce qu'est un nanomédicament ? lemonde.fr
« Ils n'ont rien d'électronique ni de mécanique mais leurs auteurs les appellent malgré toutnanorobots . Ces petites structures de 35 nanomètres sont capables de transporter un médicament et de le délivrer uniquement aux cellules malades . À l'instar des cellules du système immunitaire, ils reconnaissent leur cible grâce aux protéines présentes sur la surface de la membrane plasmique.
Ces nanorobots ont été conçus par des chercheurs de l'université d’Harvard à partir d'un logiciel permettant d'élaborer des origamis d'ADN. Le principe date de 2006 et consiste à recréer une forme en 3D à l'aide d'un long brin d'ADN viral agencé grâce à de petits fragments nucléotidiques jouant le rôle d'agrafes. L'informatique réalise tous les calculs à partir du modèle de base qu'on lui fournit.
Dans cette expérience, le nanorobot adopte plus ou moins la forme d'un tonneau contenant en son centre la molécule d'intérêt, un médicament. À l'une de ses extrémités, il possède deux anticorps complémentaires de protéines présentes sur la membrane de cellules malades. Ainsi, lorsque ces deux sites se lient à leur cible, l'ensemble change de conformation, le tonneau s'ouvre et libère son principe actif au bon endroit.On parle alors de médicament intelligent . »
Source : Des nanorobots d’ADN pour des thérapies anticancéreuses plus ciblées
« De la magic-bullet aux nanomédicaments
Au début du XXe siècle, le scientifique allemand Paul Ehrlich théorisait l’idée de la"magic bullet" : une "balle magique" qui serait spécifiquement dirigée et active contre les agents infectieux au sein de l’organisme. Ce concept est aujourd’hui une réalité grâce à la vectorisation des médicaments permise par les nanotechnologies .
L’utilisation de nanovecteurs particulaires offre aujourd’hui des réponses aux difficultés rencontrées par la thérapeutique classique. Elle consiste à intégrer un principe actif dans un vecteur (micelle, liposome, enveloppe de polymère biodégradable…) ou à utiliser des nanomatériaux minéraux (nanoparticules d’or, silicium poreux…) pour adresser spécifiquement ce médicament à un tissu cible, sans qu’il soit distribué ailleurs dans l’organisme.
La vectorisation peut aussi concerner un principe actif dont les propriétés physico-chimiques l’empêchaient jusqu’à présent d’être administrable tel quel. Porté par le nanovecteur, le principe actif est en outre protégé d’une dégradation biologique avant d’atteindre son tissu cible. Il peut enfin être "déclenché" ou libéré de façon progressive dans le temps : pour cela, on l’associe à un nanocomposé activable sous l’influence d’un signal (laser, rayons X …).
Les nanomédicaments pourraient donc améliorer la balance bénéfice-risque de médicaments en augmentant leur efficacité et leur biodisponibilité au niveau du tissu ou de l’organe cible, tout en réduisant les doses à administrer et le risque de toxicité.
Des essais sont aussi conduits pour vectoriser des micro-ARN, c’est-à-dire de petites séquences de nucléotides qui peuvent réguler l'expression de gènes spécifiques. Autre enjeu : réussir à cibler le tissu cérébral, en franchissant la barrière hémato-encéphalique. Si cette dernière est indispensable à la protection du système nerveux central, elle constitue un frein au traitement de pathologies localisées dans la boîte crânienne. Avec l’évolution des outils neurochirurgicaux, l’application de nouvelles nanomédecines dans le traitement de cancers cérébraux représente un axe de recherche prometteur. C’est notamment le cas des radiopharmaceutiques nanovectorisés, utilisés de façon confinée, ciblée et contrôlée en parallèle de la radiothérapie externe conventionnelle.
S’il existe d’ores et déjà plusieurs médicaments nanovectorisés, utilisés dans le traitement du cancer, les perspectives sont plus larges et visent d’autres domaines thérapeutiques. Pour être concrétisées, beaucoup de ces pistes demandent le développement de nouveaux vecteurs, aux propriétés spécifiques. »
Source : Nanotechnologies : Un nouveau pan de la médecine, inserm.fr
Pour approfondir :
- Les nanomédicaments : une approche intelligente pour le traitement des maladies sévères, Patrick Couvreur, La Chimie et la santé
- La chimie thérapeutique :de la biologie chimique à la découverte de nouveaux médicaments, Jean-Pierre Maffrand, La Chimie et la santé (molécules bifonctionnelles)
Si les nanomédicaments sont bien des médicaments intelligents, les médicaments intelligents ne sont pas nécessairement des nanomédicaments. On rencontre ainsi le qualificatif de « médicament intelligent » pour désigner des dispositifs connectés ou électroniques, comme un médicament équipé d’une batterie biodégradable permettant de libérer une dose médicamenteuse à intervalle régulier, ou encore un capteur qui permet au patient et / ou au médecin de s’assurer que le traitement est suivi sans oublis (patients souffrant de troubles de la mémoire), et enfin une micro-puce sensée accroître et réguler la production de progestatif (pilule contraceptive).
Bonne journée.
D’après les informations que nous trouvons, un « médicament intelligent » est un médicament conçu pour cibler de manière précise un objectif, par exemple une cellule cancéreuse, sans endommager les cellules saines :
« Quand dit-on d’un médicament qu’il est "intelligent" ? C’est lorsque, très spécifiquement, il
Source : Fnrs
« La fin du XXe siècle est marquée par l’échec de « la guerre contre le cancer » déclarée par le président Nixon aux États-Unis en décembre 1971. Cette période fait face à une crise durant laquelle le fondement des stratégies de thérapies contre le cancer furent sévèrement critiquées. Alors que Darmon parle de la recherche « d’un médicament miracle », Jean-Paul Escande , reprend l’expression sarcastique, alors répandue, de « boulet magique ». La stratégie de recherche, explique Thomas Tursz, directeur de l’Institut Gustave Roussy, consistait à tester des millions de molécules produites par des chimistes dans l’espoir que l’une d’entre elles soit miraculeuse. Aujourd’hui, soutient-il, ce processus est inversé : ce ne sont plus les chimistes qui produisent des molécules que les biologistes testent par la suite, mais
« Cellule souche cancéreuse : réflexions épistémologiques », Lucie Laplane, Sociétés, vol. 105, no. 3, 2009, pp. 45-55.
Cela correspond exactement à l’objectif poursuivi par la recherche sur les nanomédicaments :
« Ces médicaments du futur fonctionnent comme des missiles à tête chercheuse. Le véhicule du nanomédicament est capable de transporter la molécule jusqu'à la zone infectée : un gène, une protéine, une cellule, un organe... Plus précis, plus habiles, ils permettent de traiter directement les cellules infectées sans irradier et endommager les cellules saines autour. Une véritable révolution par rapport aux médicaments actuels. En effet, aujourd'hui seule une petite partie des médicaments atteint la zone malade, le reste se perd dans l'organisme. Ils permettent ainsi d'augmenter l'activité thérapeutique et de réduire la toxicité de nombreux médicaments, annulant certains effets secondaires désagréables. Trois générations de nanovecteurs ont déjà été élaborées. »
Source : Savez-vous ce qu'est un nanomédicament ? lemonde.fr
« Ils n'ont rien d'électronique ni de mécanique mais leurs auteurs les appellent malgré tout
Ces nanorobots ont été conçus par des chercheurs de l'université d’Harvard à partir d'un logiciel permettant d'élaborer des origamis d'ADN. Le principe date de 2006 et consiste à recréer une forme en 3D à l'aide d'un long brin d'ADN viral agencé grâce à de petits fragments nucléotidiques jouant le rôle d'agrafes. L'informatique réalise tous les calculs à partir du modèle de base qu'on lui fournit.
Dans cette expérience, le nanorobot adopte plus ou moins la forme d'un tonneau contenant en son centre la molécule d'intérêt, un médicament. À l'une de ses extrémités, il possède deux anticorps complémentaires de protéines présentes sur la membrane de cellules malades. Ainsi, lorsque ces deux sites se lient à leur cible, l'ensemble change de conformation, le tonneau s'ouvre et libère son principe actif au bon endroit.
Source : Des nanorobots d’ADN pour des thérapies anticancéreuses plus ciblées
« De la magic-bullet aux nanomédicaments
Au début du XXe siècle, le scientifique allemand Paul Ehrlich théorisait l’idée de la
L’utilisation de nanovecteurs particulaires offre aujourd’hui des réponses aux difficultés rencontrées par la thérapeutique classique. Elle consiste à intégrer un principe actif dans un vecteur (micelle, liposome, enveloppe de polymère biodégradable…) ou à utiliser des nanomatériaux minéraux (nanoparticules d’or, silicium poreux…) pour adresser spécifiquement ce médicament à un tissu cible, sans qu’il soit distribué ailleurs dans l’organisme.
La vectorisation peut aussi concerner un principe actif dont les propriétés physico-chimiques l’empêchaient jusqu’à présent d’être administrable tel quel. Porté par le nanovecteur, le principe actif est en outre protégé d’une dégradation biologique avant d’atteindre son tissu cible. Il peut enfin être "déclenché" ou libéré de façon progressive dans le temps : pour cela, on l’associe à un nanocomposé activable sous l’influence d’un signal (laser, rayons X …).
Les nanomédicaments pourraient donc améliorer la balance bénéfice-risque de médicaments en augmentant leur efficacité et leur biodisponibilité au niveau du tissu ou de l’organe cible, tout en réduisant les doses à administrer et le risque de toxicité.
Des essais sont aussi conduits pour vectoriser des micro-ARN, c’est-à-dire de petites séquences de nucléotides qui peuvent réguler l'expression de gènes spécifiques. Autre enjeu : réussir à cibler le tissu cérébral, en franchissant la barrière hémato-encéphalique. Si cette dernière est indispensable à la protection du système nerveux central, elle constitue un frein au traitement de pathologies localisées dans la boîte crânienne. Avec l’évolution des outils neurochirurgicaux, l’application de nouvelles nanomédecines dans le traitement de cancers cérébraux représente un axe de recherche prometteur. C’est notamment le cas des radiopharmaceutiques nanovectorisés, utilisés de façon confinée, ciblée et contrôlée en parallèle de la radiothérapie externe conventionnelle.
S’il existe d’ores et déjà plusieurs médicaments nanovectorisés, utilisés dans le traitement du cancer, les perspectives sont plus larges et visent d’autres domaines thérapeutiques. Pour être concrétisées, beaucoup de ces pistes demandent le développement de nouveaux vecteurs, aux propriétés spécifiques. »
Source : Nanotechnologies : Un nouveau pan de la médecine, inserm.fr
- Les nanomédicaments : une approche intelligente pour le traitement des maladies sévères, Patrick Couvreur, La Chimie et la santé
- La chimie thérapeutique :de la biologie chimique à la découverte de nouveaux médicaments, Jean-Pierre Maffrand, La Chimie et la santé (molécules bifonctionnelles)
Si les nanomédicaments sont bien des médicaments intelligents, les médicaments intelligents ne sont pas nécessairement des nanomédicaments. On rencontre ainsi le qualificatif de « médicament intelligent » pour désigner des dispositifs connectés ou électroniques, comme un médicament équipé d’une batterie biodégradable permettant de libérer une dose médicamenteuse à intervalle régulier, ou encore un capteur qui permet au patient et / ou au médecin de s’assurer que le traitement est suivi sans oublis (patients souffrant de troubles de la mémoire), et enfin une micro-puce sensée accroître et réguler la production de progestatif (pilule contraceptive).
Bonne journée.
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